Vous préférez écouter le résumé audio
Introduction : La boîte noire de Google
L’algorithme de Google est souvent perçu comme une boîte noire complexe et secrète, dont le fonctionnement interne reste un mystère pour le grand public. Pourtant, un document public de l’entreprise, destiné à ses évaluateurs humains, lève le voile sur certains de ses mécanismes les plus importants. Ce guide révèle des aspects fascinants et parfois contre-intuitifs de la manière dont Google évalue la qualité de ses résultats. Cet article vous dévoile les 5 points les plus marquants de ce document.
1. Une armée de 16.000 humains évalue l’algorithme en permanence
Contrairement à l’idée reçue d’un système 100% automatisé, Google s’appuie massivement sur l’évaluation humaine pour affiner ses résultats. Il s’agit d’environ 16 000 évaluateurs humains externes (Search Quality Raters) répartis dans le monde entier, qui parlent plus de 80 langues. Leur mission est de fournir des retours structurés sur la qualité des résultats de recherche pour des requêtes spécifiques, en suivant des directives précises. C’est une reconnaissance claire par Google des limites de l’intelligence artificielle pour comprendre la qualité et la fiabilité du contenu avec la même nuance qu’un être humain.
… les moteurs de recherche comme Google ne comprennent pas le contenu comme les humains. Nos systèmes ne peuvent souvent pas dire, à partir de mots ou d’images, si quelque chose est exagéré, incorrect, de mauvaise qualité ou autrement inutile.
2. Les notes des évaluateurs ne modifient PAS directement votre classement
C’est sans doute le point le plus contre-intuitif du document. La note qu’un évaluateur attribue à une page spécifique n’a aucun impact direct sur le classement de cette page dans les résultats de recherche. Le véritable usage de ces données est bien plus global : les notes sont utilisées de manière agrégée pour mesurer la performance générale des algorithmes. Elles servent à entraîner les systèmes en leur fournissant des milliers d’exemples de résultats positifs et négatifs, permettant ainsi d’améliorer le moteur de recherche dans son ensemble, et non de pénaliser ou de promouvoir des pages individuellement.
Il est important de noter qu’aucune évaluation – ou aucun évaluateur – n’a d’impact direct sur le classement d’une page ou d’un site donné dans le moteur de recherche.
3. Google Search n’est jamais « terminé » : plus de 4 700 améliorations en un an
Le document révèle un chiffre impressionnant qui illustre le caractère dynamique de la recherche Google : plus de 4 725 améliorations ont été apportées rien qu’en 2022. Ce chiffre incarne une philosophie centrale de l’entreprise : la recherche n’est pas un problème résolu (« Search is not a solved problem »). Pour valider ces changements, Google s’appuie sur une méthodologie rigoureuse en trois volets : la recherche utilisateur (User Research), où des équipes échangent avec des personnes du monde entier pour comprendre leurs besoins ; les tests en conditions réelles (Live Experiments), qui déploient une modification pour un faible pourcentage d’utilisateurs (parfois moins de 0,1 %) afin de mesurer son impact avec des données réelles ; et enfin, les tests de qualité de la recherche (Search Quality Tests) menés par les 16 000 évaluateurs. Cela montre que les résultats de recherche sont le fruit d’un processus itératif et rigoureux, visant constamment à améliorer la pertinence et la fiabilité.
4. La qualité d’une page est jugée sur son « E-E-A-T »
Pour évaluer la qualité d’une page (Page Quality), les évaluateurs humains s’appuient sur un cadre précis nommé E-E-A-T. Chaque lettre de cet acronyme représente un pilier de l’évaluation :
- Experience (Expérience) : L’expérience pratique et vécue du créateur sur le sujet.
- Expertise (Expertise) : La compétence et la connaissance approfondie du créateur.
- Authoritativeness (Autorité) : La reconnaissance du créateur, du contenu et du site comme une source de référence.
- Trust (Confiance) : Le degré de précision, d’honnêteté, de sécurité et de fiabilité de la page.
Le document souligne que l’objectif premier d’une page doit être d’aider les gens (« Websites and pages should be created to help people »). Il est crucial de comprendre que l’Expérience, l’Expertise et l’Autorité sont les ingrédients qui construisent le pilier fondamental : la Confiance (Trust). En fin de compte, Google cherche à déterminer si une page est suffisamment précise, honnête, sûre et fiable pour mériter sa place dans les résultats de recherche.
5. Certaines recherches sont plus importantes que d’autres : le concept « YMYL »
Google ne traite pas toutes les informations de la même manière. Le guide met en lumière le concept de « YMYL », un acronyme pour Your Money or Your Life (Votre Argent ou Votre Vie). Il désigne des sujets qui peuvent avoir un impact significatif sur la santé, la stabilité financière, la sécurité ou le bien-être des personnes et de la société. Des exemples incluent des informations sur la santé, comme la grippe saisonnière, ou des conseils financiers. Les pages traitant de sujets YMYL sont soumises à des standards de qualité (Page Quality) très élevés, car une information de faible qualité dans ces domaines pourrait avoir des conséquences négatives graves pour les utilisateurs.
Conclusion : Plus humain qu’on ne le pense
Ces révélations dessinent le portrait d’un moteur de recherche bien plus nuancé qu’un simple algorithme. Le système de recherche de Google, bien qu’automatisé, est profondément influencé et façonné par une évaluation humaine rigoureuse pour mieux servir l’intention des utilisateurs. Maintenant que vous savez cela, porterez-vous un regard différent sur votre prochaine liste de résultats de recherche ?
FAQ : Dans les coulisses de Google
Qu’est‑ce que l’exploration (crawl) chez Google ?
L’exploration est le processus par lequel Google envoie des robots (comme Googlebot) parcourir le Web, suivre les liens entre pages, découvrir de nouvelles URL ou des pages mises à jour, et collecter le contenu à analyser.
Qu’est‑ce que l’indexation dans Google ?
L’indexation consiste à analyser le contenu récupéré lors du crawl (texte, images, métadonnées), à structurer ces informations, et à les stocker dans une base de données interne (index) afin que le moteur puisse y accéder rapidement lors d’une recherche.
Comment Google classe-t-il les pages (le ranking) ?
Pour une requête donnée, Google analyse toutes les pages de son index susceptibles de répondre. Il utilise un algorithme complexe avec des centaines de signaux (pertinence du contenu, qualité des pages, autorité, mots-clés, liens, performance, etc.) pour déterminer l’ordre d’affichage des résultats.
Qu’est‑ce qu’un algorithme de recherche dans le contexte de Google ?
Un algorithme de recherche est un ensemble de règles et de calculs que Google applique pour analyser, filtrer et ordonner les pages web en fonction de leur pertinence pour une requête donnée. Cet algorithme évolue constamment pour améliorer la qualité des résultats.
Pourquoi une page peut être crawlée mais non indexée ?
Même si Google a exploré une page, il peut décider de ne pas l’indexer pour plusieurs raisons : contenu jugé dupliqué, faible valeur ajoutée, erreurs techniques, conflits de paramétrage (noindex, canonical, robots.txt), ou qualité insuffisante selon ses critères.
Comment Google gère-t-il les pages dynamiques ou en JavaScript ?
Après le crawl initial, Google peut effectuer un rendu (rendering) de la page, en exécutant le JavaScript pour visualiser le contenu dynamique. Le rendu lui permet de voir la page comme un utilisateur la verrait, afin d’indexer correctement les contenus chargés dynamiquement.
Quels sont les critères importants que Google utilise pour juger la qualité d’une page ?
Parmi les critères importants figurent la pertinence sémantique (mots-clés, structure), la qualité et l’originalité du contenu, la vitesse de chargement, la compatibilité mobile, les liens entrants de qualité, la sécurité (HTTPS) et l’expérience utilisateur (navigation fluide, interactivité).
Comment Google choisit-il quelles pages afficher immédiatement (extraits, réponses directes) ?
Google peut extraire un passage de la page comme « extrait optimisé (featured snippet) » ou répondre directement à une question via un paragraphe dans ses résultats si le contenu de la page correspond précisément à l’intention de la requête et est jugé de qualité.
Qu’est‑ce que le PageRank et quel rôle joue-t-il aujourd’hui ?
Le PageRank est un composant historique du classement de Google qui mesure l’importance d’une page en fonction du nombre et de la qualité des liens pointant vers elle. Aujourd’hui il n’est plus seul, mais il reste l’un des signaux parmi de nombreux autres pour juger de l’autorité d’une page.
Qu’est-ce que le concept de Need Met chez Google ?
Le critère Need Met permet d’évaluer dans quelle mesure un résultat de recherche répond réellement à l’intention de l’utilisateur. Il s’agit d’un score qualitatif utilisé par les quality raters pour indiquer si une page satisfait pleinement, partiellement ou pas du tout le besoin exprimé par la requête. Cette notion aide Google à mieux calibrer la pertinence de ses résultats.
Qu’est-ce qu’un quality rater chez Google ?
Un quality rater est une personne chargée d’évaluer manuellement la qualité des résultats de recherche proposés par Google. Ces évaluateurs utilisent les Search Quality Evaluator Guidelines, un document officiel de Google, pour juger si les résultats répondent correctement à l’intention de recherche. Leur feedback ne modifie pas directement les classements, mais il est utilisé pour entraîner et ajuster les algorithmes.
Comment Google met-il à jour ses résultats ?
Google effectue régulièrement de nouveaux crawls et rendus de pages pour détecter les modifications. Lorsqu’une page change ou qu’un nouveau contenu est publié, ces mises à jour sont prises en compte pour réindexer et recalculer le classement. L’affichage des résultats peut varier selon les mises à jour d’algorithme et les signaux du moment.
Qu’est-ce que le YMYL dans le fonctionnement de Google ?
YMYL signifie Your Money or Your Life. Ce terme désigne les contenus qui peuvent avoir un impact direct sur la santé, les finances, la sécurité ou le bien-être des internautes. Pour ces sujets sensibles, Google applique des critères de qualité beaucoup plus stricts, en privilégiant des sources expertes, fiables et faisant autorité.